Atterrissage sur Mars : une expérience unique pour 7 étudiants

C’est une aventure incroyable qui attend Erin la commandante du Crew 311 et son équipage d’astronautes analogues composé de 2 étudiantes et 4 étudiants de l’ISAE-SUPAERO. De mi-février à mi-mars, ils vont vivre sur le plan humain et professionnel un épisode inédit dans une station scientifique dédiée à des recherches au profit de l’exploration de la planète rouge.

L’association américaine Mars Society a implanté, il y a plusieurs années, cette base dans le désert de l’Utah aux États-Unis. Avant eux, dix autres équipages de l’ISAE-SUPAERO ont participé à l’aventure embarquant leur lot de protocoles expérimentaux.

Vivre dans la peau d’un astronaute analogue

Erin, Isolde, Somaya, Meddi, Quentin, Robin, Célyan vont cohabiter durant leur séjour de quatre semaines dans un habitacle cylindrique d’un étage et d’une surface de 9 m de diamètre. Un espace de vie, un coin nuit dans de petits box, un accès très limité à internet et seules des sorties extra véhiculaires hors de l’habitacle pour les besoins des expériences sont possibles.

Dans l’équipage, chaque membre a sa fonction : scientifique, ingénieur de bord, agent de santé-sécurité, astronome, botaniste, journaliste. L’architecture, les équipements et matériels sont adaptés aux activités de l’équipage. Immersion dans la station : deux observatoires robotique et lunaire, un module de réparation et d’assemblage, deux sas, l’un pour les sorties extérieures avec un sas de décompression/compression, l’autre pour rejoindre les modules de la station et notamment le « green hab » autrement dit la serre dans où opère le botaniste. À leur disposition trois rovers et combinaisons d’astronautes de rigueur pour les sorties extravéhiculaires.

Véritable mission scientifique pour les participants

L’objectif de cette simulation de vie martienne est de collecter de nombreuses données utiles aux expériences scientifiques que l’équipage prépare depuis des mois. « Nous travaillons depuis plus d’un an avec nos partenaires pour déployer, développer, tester des matériels et des protocoles expérimentaux. » souligne Isolde. « Nous lancerons sur la base une dizaine de dispositifs expérimentaux liés à trois grandes thématiques : les facteurs humains, les conditions de vie des astronautes et le test de matériels. » précise-t-elle. L’un d’eux, le projet Spaceship France, est issu d’une collaboration avec le CNES.

Focus sur quatre expériences extraterrestres

Une IA d’assistance de vie pour astronautes

Le projet AMAIA (Assistant Multifonction pour l’Astronaute par IA/Astronaut Multipurpose AI Assistant), développé par le CNES en collaboration avec des étudiants de l’ISAE-SUPAERO, vise à développer une intelligence artificielle autonome pour assister les astronautes. L’application fonctionne sans connexion internet, elle est intégrée dans une montre portée par chaque opérateur, configurée individuellement en lien avec leurs besoins spécifiques. Elle peut être utilisée comme assistance aux procédures et notamment répondre aux questions sur les protocoles des autres expériences, chercher des informations dans leur base de données, aider à la rédaction des rapports journaliers, ou encore renseigner sur les conditions environnementales (température ambiante, humidité, etc.). AMAIA pourra être aussi une confidente afin de diminuer parfois la charge mentale des astronautes.

Un rover en kit fabriqué sur site martien

Mené par le Club étudiant de l’Ecole « Supaeromoon » le projet Rover en kit consiste à concevoir un rover entièrement assemblé et testé sur place. L’objectif : démontrer la faisabilité d’une fabrication locale sur une base extraterrestre en utilisant des outils comme l’impression 3D. Seules les pièces électroniques complexes sont transportées depuis la Terre, tandis que la structure du rover est fabriquée à partir de matériaux disponibles sur site. Un concept pour réduire les coûts et les risques liés au transport spatial tout en augmentant l’autonomie des futures stations spatiales.

MoovToLearn pour le bien-être des astronautes

L’équipage va tester un dispositif non invasif destiné à améliorer le bien-être psychologique et l’efficacité des astronautes analogues. Séances combinant méditation, luminothérapie, musicothérapie et sophrologie chercheront à stimuler un état mental propice à la résolution de problèmes et à limiter les effets de la microgravité.

Concrètement, quatre participants vont suivre un programme qui se déroule avant, pendant et après la « mission martienne », tandis que trois autres participants constitueront le groupe témoin. Les résultats seront mesurés par questionnaires et tests psychotechniques pour évaluer l’impact sur leur état d’esprit et leurs performances.

Cultiver des micro-pousses pour manger et vivre mieux sur Mars

La serre de la station appelée GreenHab aux mains de Meddi le botaniste permettra d’étudier l’impact des micro-pousses sur l’alimentation et le bien-être psychologique des astronautes dans leur environnement martien.

Dès le retour sur Terre, les résultats sont analysés et permettent aux partenaires d’enrichir leurs démarches. De toute évidence, les étudiants passionnés d’exploration spatiale auront vécu aussi une aventure qui façonne leurs projets d’étude et professionnels.

« La planète rouge m’a changée. J’ai grandi, appris, évolué. Je sais maintenant que la science peut motiver de gigantesques projets, qui nous dépassent et qui continueront d’inspirer  » confie Erin, la commandante du « Crew 311 » qui en 2024 faisait déjà partie de l’équipage. L’expérience lui a d’ailleurs inspiré l’écriture du récit « Notre aventure sur Mars » publié aux Editions Cépaduès.