Simulation de mission sur Mars : une expérience scientifique, une aventure humaine

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• Comme neuf autres équipages de l’ISAE-SUPAERO avant eux, sept étudiants ont pris part cet hiver à une simulation de vie martienne dans le désert de l’Utah, aux États-Unis.
• Une expérience qu’ils ont préparée tout au long de leur première et deuxième année à l’Institut.
• Et un vrai plus dans leur cursus, tant sur le plan de l’aventure humaine que sur celui de la recherche scientifique.

Une étendue rouge, bosselée, aride et hostile : le désert de l’Utah ressemble à s’y méprendre aux cartes postales envoyées par les rovers martiens. C’est pourquoi la Mars Society, une organisation à but non lucratif qui promeut l’exploration de la planète rouge, y a installé une base, la MDRS (Mars Desert Research Station). Des équipages venus du monde entier s’y succèdent pour vivre une simulation de vie martienne.

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Crédits photos : Club Mars ISAE-SUPAERO

L’équipage 293, qui y a passé quatre semaines du 18 février au 16 mars, était composé de sept étudiants de l’ISAE-SUPAERO. À travers le Club Mars, l’un des 145 clubs étudiants sur le campus, l’Institut envoie depuis dix ans des volontaires pour cette mission d’astronautes analogues, c’est-à-dire reproduisant sur Terre les conditions de vie d’une longue mission dans l’espace.

« J’avais vu un reportage à la télé sur cette expérience quand j’étais en troisième, se souvient Erin Pougheon, en 2e année du cursus ingénieur, qui a officié comme journaliste de l’équipage. À l’époque, je n’avais pas conscience que c’étaient des étudiants de l’ISAE-SUPAERO. Quand j’ai compris que je pouvais vivre la même chose, j’ai immédiatement postulé ! »

« Contribuer à la recherche »

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas le fait d’endosser un scaphandre qui l’a aiguillée vers le projet MDRS. « On pense que ce qui nous anime, c’est de jouer aux astronautes. Moi, ce que j’ai trouvé génial dans cette opportunité, c’est de pouvoir contribuer à notre niveau à la recherche dans le secteur spatial. »

Au-delà d’une aventure de vie spatiale, l’expédition MDRS est en effet un projet de recherche qu’il faut bien préparer. « Cela prend plus d’un an, souligne Marie Delaroche, en année de césure du cursus ingénieur, qui a officié commandante de bord du Crew 293. On doit se créer un réseau de chercheurs et trouver des partenaires pour mener à bien des expériences qui ne peuvent pas être conduites ailleurs. »

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Tests de performances cognitives, de matériel et de technologies dans un environnement extrême ou désertique, expériences atmosphériques : les sujets d’études ne manquent pas. Parmi ceux qu’a menés le Crew 293, le préféré d’Erin Pougheon a été Orbital Architecture, en lien avec l’université suédoise KTH.

« Le but était de savoir comment le milieu confiné de la station affecte nos performances physiques et mentales. C’est une expérience très complète qu’on a effectuée tout au long de la mission avec des capteurs, des tests cognitifs et des questionnaires. Elle a aussi été conduite en janvier dans l’ISS par l’astronaute de l’ESA Marcus Wandt. Les chercheurs suédois vont comparer ses résultats aux nôtres. »

Promiscuité, eau rationnée, nourriture réhydratée

Confinés dans une base de 8 mètres de diamètre sur deux étages de hauteur, Marie, Erin, Léa, Mathurin, Leo, Yves et Lise ont également vécu une expérience humaine hors du commun. « Coupés du monde, on est en immersion totale dans notre mission et on travaille sur des sujets qui nous passionnent. C’est super à vivre ! Je n’ai jamais vécu ça dans un autre environnement de travail », souligne Marie Delaroche. « Je me suis rendu compte que c’était possible, et même agréable, de vivre coupée de tout », renchérit Léa Bourgely, l’astronome de l’équipage.

Léa, élève du Master of Aerospace Engineering de l’ISAE-SUPAERO, a justement été attirée par l’aspect psychologique de la mission. « L’impact sur la santé psychologique des astronautes et la résolution des conflits font partie des sujets sur lesquels j’aimerais travailler », indique-t-elle. Et ce qu’elle retient de sa propre expérience, c’est que malgré la longue préparation de l’équipage, les relations humaines ne sont pas le plus aisé à gérer ! « Tout le monde n’a pas les mêmes sensibilités ni les mêmes attentes. Mais on apprend à accepter de ne pas être tous pareils ! »

« On a mieux mangé sur Mars que sur Terre »

Les membres de l’équipage n’ont néanmoins pas eu de mal à prendre le pli de la discipline et des conditions de vie strictes de la mission : lever à 6h30, mesures physiologiques, séance de sport, activités de recherche et sorties extravéhiculaires (EVA), préparation du repas en binôme – avec de la nourriture réhydratée –, reprise des activités, puis une fenêtre de communication de deux heures.

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« C’était le moment où l’on devait fournir nos rapports quotidiens au « Mission Support », mais surtout transmettre nos résultats de recherche », explique Marie.

Un planning drastique qui n’a cependant pas empêché quelques imprévus. « Au bout de trois semaines, nous avons dû affronter une tempête avec des vents de 80 km/h qui a aplati le tunnel d’accès au science dome, notre labo, relate Léa. Nous avons dû faire une EVA d’urgence pour le réparer. Ça a renforcé le côté simulation ainsi que la cohésion, c’est une expérience positive qui m’a beaucoup marquée ! »

La restriction de l’eau a également fait partie du quotidien des astronautes analogues. « Ce n’était pas une obligation, mais on s’y est astreint, souligne Marie. On est parvenu à 5,5 litres par personne et par jour, sachant qu’il fallait garder de l’eau pour réhydrater la nourriture. »

Le régime alimentaire, lui, n’a pas rebuté nos sept étudiants. « Avec des épices, c’est très bon, sourit Léa. On a mieux mangé sur Mars que sur Terre ! » La serre attenante au Hab (le module principal) a même fourni un complément appréciable en légumes frais.

Héritage et transmission

Léa, qui a dû faire face à des problèmes de télescope et à la casse de son scaphandre en pleine mission, se sent aujourd’hui armée d’une « solidité émotionnelle à toute épreuve ». Et c’est avec enthousiasme qu’elle entame un stage au CNES en cohérence avec son cursus. « Le sujet de mon stage est Créer un rover de soutien aux astronautes sur la Lune. Je ne pouvais pas rêver mieux ! »

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Marie aussi affirme être sortie transformée de cette expérience : « C’était ma seconde mission au sein de la MDRS, mais la première en tant que commandante d’équipage. J’ai eu l’impression d’apprendre 1 000 choses à la minute, sur moi, les relations humaines, le fonctionnement d’une équipe. »

Prêts à aller de l’avant, mais un peu nostalgiques, tous ont encore la tête sur Mars. Au figuré… comme au propre : « Pour certaines études, nous avons encore des restitutions à faire aux chercheurs. » Les sept étudiants ont aussi pour mission d’accompagner l’équipage suivant jusqu’à leur propre départ au sein de la station MDRS, et ils comptent bien leur communiquer leur enthousiasme.

L’ISAE-SUPAERO, une référence pour les carrières spatiales

L’ISAE-SUPAERO contribue depuis 1970 par ses activités de formation, de recherche et d’innovation aux avancées de l’ère spatiale. Seul organisme français à dispenser des formations diplômantes (ingénieurs, master, mastères spécialisés, doctorat) couvrant toutes les 22 thématiques spatiales identifiées par le CNES, l’Institut constitue une voie royale vers les carrières spatiales.

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