Portrait d’Alumni Entrepreneurs : Bertrand JOAB CORNU, Fondateur de WINGLY

Vous et votre expérience entrepreneuriale

Quel a été votre parcours avant d’entreprendre ?
Je suis passionné d’entrepreneuriat et d’aviation. En voyant des start-ups comme AirBnb ou Blablacar, je me suis demandé pourquoi un concept similaire n’existait pas dans le monde de l’aviation : une plateforme collaborative mettant en relation des pilotes privés ayant des sièges disponibles sur leurs vols avec des passagers intéressés pour partager le vol en participant aux frais. En 2015, durant mon master d’entrepreneuriat à polytechnique et l’ISAE-SUPAERO, j’ai rencontré d’autres personnes qui partageaient la même idée et nous avons créé Wingly.

Quelle est la mission de Wingly ?
Le but de Wingly est de démocratiser l’aviation privée, faire tomber les idées reçues « 
l’aviation privé, c’est réservé à la jet set, ce n’est pas pour moi, c’est très cher » et faire voler
les avions à pleins potentiels de passagers. Le digital a révolutionné de nombreux secteurs,
pas encore celui de l’économie collaborative, donc c’est le bon moment pour proposer une
plateforme collaborative de référence dans l’aviation. En 5 ans, nous avons déjà eu 30 000
passagers ! Nous sommes 23 collaborateurs présents en France, Allemagne et Angleterre.
Nous avons réussi à lever 5 millions d’euros et nous sommes en train de lancer Wingly pro
pour aider les sociétés du transport à mieux remplir leurs avions et à baisser les coûts.

"BIEN S’ENTOURER, BIEN S’ASSOCIER : LES CLEFS POUR RÉUSSIR UNE ENTREPRISE !"

Depuis que vous avez débuté votre expérience entrepreneuriale, quelle a été votre plus grande difficulté ?
Changer les mentalités, dans un secteur assez conservateur, cela rend le travail compliqué. La philosophie « un pilote, pour recevoir de l’argent, doit être un pilote commercial » ne fonctionne pas pour Wingly puisque nous sommes sur un système de partage de frais.

Votre plus grande réussite ?
Obtenir une réglementation était indispensable à Wingly pour que des assureurs se positionnent. Depuis qu’Allianz assure tous les vols Wingly, nous avons réussi à effectuer notre première levée de fonds.

Pouvez-vous nous décrire une journée type de votre activité ?
Je m’occupe des opérations : prise de décisions, relations clients, acquisition des pilotes, mise en
place de partenariats avec des aéroclubs. Je manage notre équipe marketing communication et nos
équipes pays. En tant que fondateur, je gère tous les aspects stratégiques de la société, le lancement de Wingly pro, le recrutement, … c’est très varié.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune souhaitant entreprendre ?
Ne pas écouter les gens qui disent que c’est impossible - les entrepreneurs sont ceux qui y croient, qui prouvent que c’est possible. Tester très vite son idée sans passer des mois et des mois à faire un business plan hypothétique. Bien s’entourer, bien s’associer, reste le conseil clé.

Pourquoi n’avez-vous pas choisi de travailler dans l’une des entreprises leaders de votre marché ?
J’ai hésité, j’aurais pu aller à Berkeley ou faire un stage chez Dassault Aviation aux Etats Unis dans
l’Arkansa. Je me suis dit qu’en commençant par l’entrepreneuriat, peut être qu’un jour je finirais par intégrer un grand groupe ; en commençant directement dans l’industrie aéronautique, ce ne serait peut-être pas pareil. Aujourd’hui le travail d’ingénieur peut me manquer parfois, j’applique mes
connaissances différemment.

Vous et l’ISAE-SUPAERO

Qu’est-ce que votre formation à l’ISAE-SUPAERO vous a apporté dans votre expérience entrepreneuriale ?
Je n’aurai jamais fondé Wingly sans l’Institut qui m’a permis de changer mon intérêt pour l’aéronautique en une vraie passion. C’est aussi une référence donc un gage de sérieux : quand nous arrivons à une réunion avec la DGAC ou des grosses sociétés d’aviation privée, cela fait commencer le meeting dans de bonnes conditions.

Le réseau que vous avez créé lors de votre passage à l’ISAE-SUPAERO a-t-il été utile dans votre expérience ?
Plusieurs de nos investisseurs sont des anciens élèves. Le réseau de l’école est très présent dans le monde de l’aviation, il est donc très utile oui.

Pensez-vous que l’option de la voie de l’entrepreneuriat soit suffisamment inscrite au sein de l’école ?
La culture de l’entrepreneuriat est très présente au sein de l’école et je sais qu’il y’a des start-ups qui ont pu faire des programmes aménagés entrepreneuriat, c’est très avantageux. Beaucoup de belles start-ups ont été créées par des anciens de l’ISAE-SUPAERO, ça fait plaisir à voir. La voie de l’entrepreneuriat était suffisamment inscrite au sein de l’école grâce également à ses nombreuses conférences.

Votre philosophie

Que signifie pour vous le mot « réussite » ?
ÉPANOUISSEMENT : se sentir bien, faire les choses à fond. Dans le monde de l’entrepreneuriat, j’aime bien dire qu’on apporte quelque chose au monde « si moi je ne montais pas ma boîte avec cette idée, peut-être que personne ne le ferait. », alors que pour une offre d’emploi, on se dit : « si ce n’est pas moi, ce sera quelqu’un d’autre. »

Comment avez-vous l’impression d’avoir évolué depuis que vous vous êtes lancé dans cette aventure ?
Sur l’aspect managérial. Nous sommes sortis des études et nous avons très vite été confrontés à des
dynamiques de recrutement, de management, de licenciement aussi. Il a fallu faire des levées de fonds, de la stratégie, du lobbying. C’est une école de vie !

Que feriez-vous avec des ressources illimitées ?
Pour Wingly : aller encore plus vite, recruter plus de développeurs web, s’implanter dans d’autres pays, investir massivement en marketing et communication pour mieux se faire connaître. Pour moi : créer d’autres entreprises sans quitter Wingly !