Nicolas Cruaud, Ingénieur à l’ISAE-SUPAERO et co-fondateur de la start-up Néolithe
Mis en ligne le
Nicolas Cruaud, co-fondateur de Néolithe et actuellement étudiant à l’ISAE-SUPAERO nous présente son projet de start-up basé sur la transformation des ordures ménagères en pierres utilisables pour la construction. Un procédé qui remplacerait l’incinération de ces mêmes déchets et qui permettrait ainsi une réduction de 80% des émissions de CO2 normalement émises. Une technologie innovante permettant à terme de réduire l’impact environnemental.
Pourriez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours ?
Je m’appelle Nicolas Cruaud, et je suis ingénieur polytechnicien en année de spécialisation à ISAE-SUPAERO. A l’X, j’ai suivi les cours de mécanique et d’entrepreneuriat, et à l’ISAE-SUPAERO je suis en Conception et Opération des Système Spatiaux et en Génie Industriel.
Néolithe, pourriez-vous nous en dire plus sur cette start-up ?
Néolithe propose de transformer les ordures ménagères en pierre. Nous produisons des granulats minéraux utilisables dans la construction, notamment les sous-couches routières et les bétons, à partir de tous types de déchets non-recyclables (ordures ménagères, déchets industriels...).
C’est à l’origine un projet familial, que nous avons développé avec mon père, mon frère, et Clément Bénassy, un jeune diplômé d’AgroParisTech. L’idée vient de mon père, tailleur de pierre et en charge de la formulation de béton, qui, en observant les pierres calcaires qu’il taillait (issus de la fossilisation et de la sédimentation des déchets préhistoriques), s’est demandé si l’on pouvait également "fossiliser" nos propres déchets, un peu plus rapidement, pour réduire la pollution associée.
Nous avons ensuite lancé l’idée lors d’un Start-up Weekend à l’Ecole polytechnique en mars 2018, et depuis nous travaillons sur le projet.
Quels sont les avantages de votre projet en termes de développement durable ?
L’impact environnemental est l’avantage principal de notre technologie. Fossiliser les déchets permet d’éviter l’incinération ou l’enfouissement de ces mêmes déchets, et donc les pollutions associées. Si l’on se compare à l’incinération, notre procédé permet de réduire de 80% les émissions de CO2 normalement émises. A l’échelle de la France, cela représenterait une diminution de 5% de l’ensemble des émissions CO2 du pays, toutes industries confondues ! C’est deux fois plus que l’ensemble du CO2 produit par le trafic aérien. Et parce que notre but est de mettre en place notre procédé à très grande échelle, le coût de traitement d’un déchet par fossilisation est le même que le coût de l’incinération : au même prix, vous faites de l’écologie !
Vos projets et perspectives concernant Néolithe ?
En septembre prochain, nous allons mettre en service notre premier fossilisateur, installation mobile (en container) de traitement de déchets. Le but est de faire la démonstration de notre technologie, et ensuite de la répliquer rapidement en France et en Europe auprès des collectivités et des industriels. Par son agilité, le Fossilisateur peut être mis en place directement dans un quartier, une petite ville, ou sur le site d’une usine ou d’un chantier, pour traiter sur place les déchets. Nous aimerions grâce à cela relocaliser le traitement des déchets au plus proche de leur production afin d’éviter le transport de ces déchets, qui font en moyenne 100km en camion avant d’être enfouis ou incinérés.
Ingénieur et développement durable : quelle est la pertinence de faire converger ces 2 secteurs ensemble ?
Je pense qu’il y a différentes sortes de développement durable. On parle beaucoup des petits gestes du quotidien que chacun doit faire pour réduire son impact environnemental. Je pense que, bien que ce soit nécessaire, ce n’est pas le levier le plus important du développement durable. A mon sens, le principal levier est technologique et industriel. Il faut chercher à faire de l’écologie à l’échelle industrielle, grâce à des modèles réplicables et économiquement viables. Je pense que c’est pourquoi il est primordial d’avoir des ingénieurs travaillant dans le développement durable. Il faut chercher de vraies solutions techniques capables de révolutionner des secteurs polluants pour réduire l’empreinte environnementales de filières entières.