Mars, la planète bouge
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Une équipe de chercheur de l’ISAE-SUPAERO enregistrent pour la première fois le son d’un tourbillon de poussière martien. Publiée dans la revue Nature Communications le 13 décembre 2022, ces analyses scientifiques pourraient améliorer la compréhension des tempêtes de poussière et de la variabilité climatique sur Mars.
Les équipes de la mission Mars 2020 viennent de réaliser une prouesse scientifique en captant pour la première fois en simultané le son et l’image d’un tourbillon de poussière martien. Cet exploit a été rendu possible grâce à la concordance des différents capteurs du Rover Perseverance dont le microphone SuperCam, conçu par l’ISAE-SUPAERO, le CNES et le JPL.
Les équipes ont pu enregistrer le moment exact où le tourbillon de poussière passait à la verticale du rover. A cet instant, l‘ensemble de ses capteurs météorologiques pour la mesure de la pression, la température, la quantité de poussière et du vent, une caméra, et le microphone étaient allumés et a permis d’enregistrer à la fois le son, l’image et les paramètres atmosphériques. La combinaison unique de ces multiples données, et la modélisation a permis aux chercheurs d’estimer que le tourbillon de poussière mesurait environ 25 mètres de large, soit presque 10 fois la taille du rover, au moins 118 mètres de haut, et qu’il se déplaçait à une vitesse d’environ 19 km/h.
Une nouvelle première martienne
Bien que ce phénomène soit courant à la surface de Mars, en particulier dans le cratère Jezero, où se situe le rover Perseverance, jamais le son d’un tourbillon de poussière n’avait été jusqu’alors enregistré. Il y avait en effet seulement 1 chance sur 200 d’entendre un tel tourbillon avec l’enregistrement du microphone
Une étape supplémentaire vient d’être franchie dans la compréhension des phénomènes atmosphériques de Mars !
Les questions soulevées sont nombreuses Pourquoi le cratère Jezero est-il balayé par tant de tourbillons de poussière alors que d’autres sites géographiques sont quant à eux couverts de poussière stagnante ? Est-ce lié aux conditions météorologiques ou aux processus qui soulèvent la poussière ? C’est pour y répondre que l’équipe de recherche de l’ISAE-SUPAERO s’est intéressée à l’analyse des flux de particules portés par ce tourbillon.
« La bande sonore est extrêmement riche. » explique Martin Gillier, doctorant qui exploite les données du microphone martien à l’ISAE-SUPAERO, « Nous pouvons entendre le vent associé au tourbillon, mais aussi des centaines d’impacts de grains de poussière. »
C’est la première fois qu’un instrument sur Mars a pu mesurer directement le flux de particules transportés par le vent. C’est une mesure importante pour mieux comprendre comment la poussière est soulevée de la surface de Mars, et ainsi améliorer la capacité à prévoir les tempêtes de poussière et les variabilités climatiques sur la planète. Ces informations sont aussi importantes pour l’exploration spatiale future, car les impacts de grains sont impliqués dans la dégradation du matériel présent à la surface de Mars.
« Notre équipe est convaincue depuis des années de l’intérêt scientifique des microphones pour mieux appréhender l’atmosphère de la planète Mars. Cette rencontre avec le tourbillon de poussière démontre le fort potentiel des données acoustiques dans l’exploration planétaire », affirme Naomi Murdoch, chercheuse à l’ISAE-SUPAERO et auteure principale de l’étude.
Il est certain que de nouveaux enregistrements sonores de tourbillons de poussière, seront réalisés par Perseverance ce qui permettra d’effectuer des études comparatives entre divers tourbillons sur différents sites géographiques martiens pour mieux en comprendre le climat.