Le NewSpace : un enjeu fort pour l’ISAE-SUPAERO

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Au travers tant de ses activités de formation que de recherche, mais aussi de l’émergence de partenariats avec des startups du domaine, l’ISAE-SUPAERO se positionne comme un acteur majeur de la transition du secteur aéropsatial, comme en témoigne sa participation au collectif d’organisation des Assises du NewSpace français.

L’ISAE-SUPAERO, acteur de premier plan de la formation et de la recherche en ingénierie aérospatiale

Newspace générique

Nous sommes à un tournant dans l’histoire de l’exploration et du développement de l’industrie spatiale. En effet, de nouveaux acteurs industriels (startups « space tech ») ont émergé et utilisent l’espace de manière non « traditionnelle » et ont recours à des méthodes agiles issues du numérique.

Le secteur spatial industriel, initialement géré par l’État, n’est désormais plus le seul acteur significatif, y compris en ce qui concerne l’exploration spatiale. Ces mutations structurelles, si elles ont émergé il y a plus de vingt ans aux Etats-Unis, atteignent désormais l’Europe de manière incontestable.

L’ISAE-SUPAERO, acteur de premier plan de la formation et de la recherche en ingénierie aérospatiale, accompagne ce mouvement. Tout en conservant l’excellence technologique qui l’a toujours caractérisé, l’Institut acculture ses étudiants à un panorama de l’industrie spatiale désormais très différent de ce qu’il a été. Au travers de ses enseignements de pointe, des projets étudiants, des hackathons qu’il organise, et plus généralement d’un important effort fait pour donner à ses étudiants une culture de l’innovation technologique et de l’entrepreneuriat, l’Institut prépare la future génération d’ingénieurs qui façonneront le NewSpace français.
L’Institut mobilise également son potentiel de recherche sur de nombreuses thématiques au cœur du NewSpace : constellations de minisatellites de télécom ou d’observation, services en orbite, assemblage dans l’espace, systèmes de transport spatial avancés, bases lunaires ou martiennes, développement agile, industrie 4.0…


NEWSPACE : des alumni à l’initiative de la création de plusieurs startups !

L’ISAE-SUPAERO favorise l’innovation, soutient et pousse les ingénieurs d’aujourd’hui à la création d’entreprise. De nombreux diplômés ont d’ailleurs décidé de développer leur entreprise dans le Newspace. Zoom sur ces startups émergeantes…


Zoom sur nos relations avec les startups

INFINITE ORBITE

Infinite Orbits

Adel Haddoud ingénieur ISAE-SUPAERO a créé la société Infinite Orbits qui grâce à une nouvelle approche spatiale fournit des services en orbite aux opérateurs de satellites de télécommunications.
Infinite Orbits s’est tournée vers l’ISAE -SUPAERO pour utiliser nos moyens et assistance technique. Ici une table optique sur laquelle sont installés des équipements opto mécaniques.


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Le nanosatellite EyeSat - crédits : cnes

EyeSat, un nanosatellite d’observation de la lumière zodiacale de la voie lactée.

Ce nanosatellite universitaire développé dans le cadre du programme Janus du CNES a été mis sur orbite par Arianespace en 2019. De nombreux étudiants et ingénieurs de l’ISAE-SUPAERO ont participé à sa conception, son développement et logiciel de vol, en coopération avec le CNES.
Fabien Apper co-fondateur de la startup U’Space a fait partie du projet lorsqu’il était étudiant à l’ISAE-SUPAERO. Le début d’une vocation dans le domaine de l’ingénierie spatiale !
U’Space reste impliqué dans ce projet auquel le CNES leur a accordé un droit de commercialisation des technologies d’EyeSat.


Exotrail : entretien avec son co-fondateur, Paul Lascombes (promotion 2017)

paul
Paul Lascombes, Alumni ISAE-SUPAERO (promotion 2017) et co-fondateur de Exotrail

Paul Lascombes, co-fondateur de Exotrail depuis 2017, occupe aujourd’hui le poste de Directeur Scientifique et Vice-Président pour développer l’activité de services en orbite de la startup, après avoir développé l’activité logicielle centrée sur l’analyse mission et les opérations de satellites.
Exotrail est une société de logistique orbitale qui couvre l’ensemble du spectre des besoins de mobilité pour le secteur spatial à travers des solutions matérielles, logicielles et à travers des services de mobilité.

A quel moment votre intérêt pour le Newspace a-t-il émergé ? Comment cela s’est-il illustré dans votre vie professionnelle ?

Je suis issu d’un parcours École Polytechnique / ISAE-SUPAERO (2013 / 2017). Lors de mon cursus à l’X, j’ai été en contact avec des sujets spatiaux avant mon arrivée à l’ISAE-SUPAERO. Au cours d’un Projet Scientifique Collectif (2e année à Polytechnique), j’ai dû réaliser un moyen d’essai pour un propulseur électrique, avec des camarades de promotion.
Au-delà de la satisfaction d’avoir réussi à construire cet outil, cette première expérience a été très formatrice et m’a donné goût au spatial. Ce goût, je l’ai développé via des participations à des SpaceUp (NDLR : téléconférence d’exploration de l’espace à participation ouverte) et via l’organisation d’un Space Week à l’École polytechnique. A la suite de quoi j’ai pu réaliser un stage dans une start-up suisse développant des navettes réutilisables – j’y ai d’ailleurs rencontré un des futurs co-fondateurs d’Exotrail, David Henri, aussi issu de la promotion 2013 de l’Ecole polytechnique.
J’ai choisi de faire ma dernière année à l’ISAE-SUPAERO, avec comme enseignement de domaine la conception et l’opération de systèmes spatiaux, et j’ai terminé mes études par un stage chez Airbus Defence and Space sur un concept innovant de suivi de satellites. Cette formation dense, et à la fois très spécialisée, m’a offert un large panorama du domaine spatial.
Côté entrepreneurial, en parallèle de mon projet de 2e année et de mon stage en Suisse, nous avons commencé à avoir l’ambition de valoriser une technologie développée au CNRS - celle pour laquelle j’avais construit le moyen de caractérisation, avec mes camarades de promotion et des scientifiques du CNRS. Nous avons ainsi posé les bases d’un business plan et d’une feuille de route de développement technologique au cours de l’année 2015. J’ai d’ailleurs pu sanctuariser du temps sur ce projet et me former grâce à un parcours entrepreneurial lors de ma 3e année à Polytechnique. Ce sont la validation d’un premier financement de valorisation, ainsi que les moyens mis à disposition par le CNRS, qui nous ont permis de lancer le projet techniquement. A l’été 2017, en parallèle de mon stage chez Airbus que nous avons ensuite créé l’entreprise Exotrail.

Pour résumer, après avoir été initié au domaine spatial – d’un point de vue technique mais aussi pratique, lors de mes études et au travers de mes stages – j’ai saisi l’opportunité de valoriser un projet de recherche en un projet industriel. Cette valorisation a été possible grâce à un soutien de la puissance publique pour financer les premiers développements, la création d’une équipe exceptionnelle qui pendant 18 mois a travaillé à mi-temps et sur son temps libre ; nous avons par la suite collectivement pris la décision de se lancer pleinement dans le développement d’une start-up technologique à la fin de mes études. Ce cheminement m’a fait renoncer à plusieurs opportunités qui se sont présentées à moi lors de mes études, mais il me semblait que je n’avais rien à perdre de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale à ce moment de ma vie. Les bénéfices de cette aventure sont incomparables aux sacrifices modérés que cela demande en début de carrière.

Comment décririez-vous la valeur ajoutée de votre entreprise et plus largement celle du marché de votre entreprise ?

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Exotrail propose des solutions de mobilité pour tous les acteurs du domaine spatial

Exotrail est une société de logistique orbitale, en cela nous aidons nos clients à optimiser les opérations liées au lancement, au maintien en conditions opérationnelles et à la fin de vie de leurs flottes de satellites. Nos solutions sont à la fois matérielles, logicielles et de service.
Nous commercialisons en effet une gamme de propulseurs électriques adaptés aux satellites de 10 à 500 kg. Pour ces systèmes de propulsion, nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne permettant leur intégration dans un satellite et nous pouvons donc proposer à la fois des produits standardisés mais aussi des produits adaptés aux besoins de nos clients.
Nous avons développé une suite de logiciels d’analyse mission et d’opérations de satellites permettant de nativement prendre en compte l’utilisation de propulsion électrique et l’utilisation de constellations de satellites.
Finalement, nous développons un véhicule de transfert orbital permettant d’apporter une grande flexibilité dans la mise à poste des satellites de 1 à 250 kg. Ce véhicule est basé sur nos systèmes propulsifs et opéré via nos logiciels. Nous maîtrisons donc deux des briques technologiques les plus complexes nécessaires à la réalisation de ce type de véhicule orbital.
Exotrail propose des solutions de mobilité pour tous les acteurs du domaine spatial. Cette mobilité permet dès lors d’optimiser les scénarii de lancement de constellation, de faciliter l’accès à l’espace dans des orbites complexes et finalement est un accélérateur du développement d’un spatial commercial foisonnant !

Quelle est votre vision du NewSpace pour la France et les perspectives du secteur au niveau national ?

Il faut d’abord savoir ce que l’on qualifie de NewSpace. Pour moi, il se compose de deux ingrédients essentiels : une compétition ouverte et stimulée et une utilisation de méthodes de développements issues d’autres domaines que le spatial. C’est aussi, évidemment, un mode de génération de chiffre d’affaires qui évolue. D’un mode historique de développement de systèmes complets opérés par la puissance publique (observation de la Terre militaire, missions scientifiques), le NewSpace passe par l’achat de services par une multitude d’acteurs, et au premier plan la puissance publique : par exemple par l’achat d’images plutôt que de satellites d’observation de la Terre, ou par la création de nouveaux marchés comme la connectivité terrestre à large diffusion.

Le premier point, la compétition ouverte. Cette compétition amène deux caractéristiques nouvelles dans le secteur spatial : une nécessité d’être efficace, de chercher une amélioration rapide, de rupture, permettant d’être en avance sur les compétiteurs et de répondre à un marché commercial. Cette philosophie n’était pas tellement présente historiquement, avec de grands projets pluriannuels, sans que les innovations ne soient nécessaires pour survivre à court terme.

Le deuxième point, l’utilisation de méthodes de développements issues d’autres domaines que le spatial. Aujourd’hui tout le monde travaille « en mode agile ». Cela ne suffit pas que ça soit un slogan, il faut l’animer : la gestion de l’entreprise doit être régulièrement remise en question pour gagner en efficacité. L’utilisation de nouvelles méthodes de management, plus participatives, directes, et de méthodes de production où l’effet de série ne se ressent pas que sur le prix mais sur la qualité globale sont les deux plus gros changements que le NewSpace porte.

Pour moi, le NewSpace ne devrait donc pas être seulement un ensemble hétéroclite de toutes les nouvelles entreprises du spatial de moins de 10 ans, mais un renouveau dans les méthodes d’organisation, à la fois au niveau des entreprises, mais aussi de la puissance publique, premier client (direct ou indirect) de notre industrie.
Le NewSpace n’a pas vocation à rester « New », c’est tout le secteur qui bascule petit à petit dans cette nouvelle façon de faire du spatial… de gré ou de force !
Et, paradoxalement, la France est très bien armée pour être leader de cette révolution, à travers la qualité de ses formations, de son écosystème de financement, ou encore son expertise développée depuis des décennies. Elle reste cependant prise dans l’inertie de son passé, avec des acteurs globaux très liés à la politique industrielle étatique. Si la France souhaite réellement peser dans le spatial de demain, il est nécessaire qu’elle adopte de nouveaux modes de pensée, de gestion de programmes, de management et qu’elle prenne conscience de la compétition internationale qui se renforce drastiquement. Et cela dans des pays qui ont, ou n’ont pas du tout, de culture du spatial.
La France est pionnière de ce pivot de stratégie industrielle, notamment à travers le plan France 2030 dans lequel la commande publique pour les acteurs émergents du spatial est clairement pensée pour que nous nous développions. Il faut accélérer et diffuser ce modèle, dans toutes les institutions et partout en Europe !

En tant qu’acteur du secteur du NewSpace, auriez-vous un message à transmettre ?

Pour les étudiants : n’ayez pas peur de commencer votre carrière en start-up, vous apprendrez énormément, rapidement et cela vous sera bénéfique quoique vous fassiez plus tard ! Et si vous vous sentez, n’hésitez pas à concrétiser un projet qui vous tient à cœur, vous ne savez jamais où il vous portera, mais il pourrait vous porter très haut !

D’un point de vue plus général, je pense qu’il faut collectivement se donner les moyens de rester compétitifs, innovants et précurseurs dans le domaine spatial français. Cela passe par de la compétition ouverte, des institutions plus accessibles et moins averses le risque, qui font aussi des itérations rapides tout en gardant une vision forte, à long terme. Le 60e anniversaire de l’Agence spatiale nationale est une formidable occasion de repenser son modèle pour tenir son rôle à long terme. Nous devons collectivement façonner les leaders de demain, qui seront compétitifs, innovants, focalisés et générant de la valeur pour l’ensemble du tissu industriel français. Et parce qu’Exotrail vient d’un projet de recherche, je suis sensibilisé au fait qu’il ne faille pas négliger l’investissement dans des technologies de rupture, puis supporter celles qui ont un potentiel de créer un leader et de radicalement modifier leur marché.

Visionnez notre interview de Exotrail

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