Marc Pélegrin, maître d’œuvre du rayonnement de Supaéro à Toulouse, nous a quittés

Il a contribué à faire de Toulouse la capitale européenne de l’aéronautique et de l’espace. Plus spécifiquement, le professeur Marc Pélegrin a œuvré par sa vision novatrice à maintenir SupAéro à la pointe mondiale de l’enseignement supérieur pour les domaines aéronautique et spatial. On lui doit la réussite du déménagement de l’école de Paris à Toulouse et la création sur le même site du centre de l’ONERA-CERT. Il a ainsi révolutionné la formation d’ingénieur par la fusion sur un même campus des activités de formation et de recherche.

En tant que scientifique, Marc Pélegrin a aussi largement contribué à la recherche dans les domaines aéronautique et spatial. Ancien élève de Polytechnique et SupAéro (alors situé à Paris), il a d’abord enseigné à SupAéro, dans le domaine des asservissements et des machines à calculer. Les travaux de recherche qu’il a initiés se sont développés au fil des décennies, ouvrant de nombreuses perspectives.

Sur le modèle du MIT

C’est en 1964 qu’il a été sollicité pour piloter le transfert de SupAéro à Toulouse, dans un contexte de décentralisation. Alors que le projet soulevait peu d’enthousiasme, Marc Pélegrin s’est aussitôt posé en visionnaire, voyant dans sa mission « la possibilité de réaliser ce qui [l]’avait tant frappé aux USA », au MIT, où il avait complété ses études : associer formation et recherche. « Dans cet institut, recherche et enseignement étaient complètement imbriqués, l’étudiant participait souvent aux travaux de recherche. » Il est ainsi parvenu à convaincre l’État de créer un Centre d’études et de recherches en symbiose avec l’école, sous l’autorité d’un directeur commun.

En termes de formation, Marc Pélegrin a également vu les choses en grand : alors que les promotions de SupAéro dénombraient à peine 100 étudiants, l’établissement s’est doté de trois amphis de 200 places, de résidences étudiantes, d’installations sportives remarquables et d’un avion Nord 262 pour les TP en vol. De surcroît, la complémentarité instituée entre le CERT et SupAéro a rapidement élevé l’établissement au rang de pionnier parmi les écoles d’ingénieurs : en 1974, SupAéro a été l’une des premières à être accréditée à délivrer des diplômes de docteurs-ingénieurs.

Marc Pélegrin a dirigé conjointement les deux institutions de 1968 à 1978, puis l’ONERA-CERT jusqu’en 1988. Au fil de ces années, SupAéro a formé des centaines d’ingénieurs, qui ont ensuite nourri les succès extraordinaires du secteur aérospatial français. Le CERT y a également contribué de façon notable, en particulier grâce aux travaux pionniers menés dans le domaine scientifique de Marc Pélegrin, celui de l’automatique.

Un centenaire-hommage en 2023, un prix Marc Pélegrin en 2024

Le 28 novembre dernier, les 100 ans de Marc Pélegrin ont été célébrés sur le campus de l’ISAE-SUPAERO en présence de sa famille, d’anciens étudiants et de collaborateurs. Cette journée, à laquelle il n’avait pu assister en raison de son état de santé, a mis en évidence la richesse, l’importance et la variété des activités qui se sont développées sur la base de son œuvre et qui restent aujourd’hui à la pointe mondiale, tant dans le domaine de la formation que de la recherche, à l’ISAE-SUPAERO, à l’ONERA et dans d’autres laboratoires.

À cette occasion, l’ISAE-SUPAERO et l’ONERA ont annoncé la création d’un « Prix Marc Pélegrin », qui sera décerné à partir de 2024 lors des conférences internationales EuroGNC pour des contributions scientifiques exceptionnelles dans le domaine de l’automatique appliquée au secteur aérospatial.