Rencontre avec Valérie Guillemet (S1988), DRH de Dassault Aviation, nouvelle membre du Conseil d’administration

Pourriez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?

Valérie Guillemet : Après une prépa scientifique à Versailles, j’ai obtenu le diplôme de Supaéro en 1988. J’ai débuté ma carrière chez Dassault Aviation comme ingénieure de synthèse aérodynamique, à Saint-Cloud, où j’ai notamment travaillé sur le projet de navette spatiale HERMES. J’ai ensuite choisi la production, à Mérignac, avec des activités d’intégration de systèmes d’armes sur Mirage 2000 et Rafale. Après une quinzaine d’années dans le domaine militaire, j’ai pris la direction de l’unité de production du Rafale, puis du Falcon. Je suis devenue directrice de la production de l’usine de Mérignac, et enfin directrice de l’ensemble du site. J’ai toujours été très motivée par l’intérêt de la mission, par les nouveaux challenges et ce qu’ils apportent : sortir de sa zone de confort, avoir des champs d’action différents, multiplier les rencontres.

En 2019, j’ai été nommée Directrice des Ressources Humaines. Ce domaine a peu à voir avec ma formation initiale. Mais, au fur et à mesure de mes missions, j’ai acquis une très bonne connaissance des métiers de Dassault Aviation et en ai une vision très pragmatique. Le cœur de l’entreprise, ce sont les femmes et les hommes qui l’animent. Le développement des compétences est au centre de la mission RH, a fortiori dans une société à forte dimension technologique. Il faut réussir les recrutements, avoir des formations pertinentes, des parcours professionnels qui répondent à la fois aux besoins de l’entreprise et aux aspirations des salariés. Ces questions me touchent particulièrement.

En tant que DRH, vous avez dû être confrontée aux problématiques de recrutement de jeunes femmes ingénieures et scientifiques. Quelles actions avez-vous pu mettre en place ?

V. G. : Tout d’abord, je suis profondément convaincue que la mixité est une richesse. Hommes et femmes, nous avons chacun nos lunettes, nos intelligences émotionnelles, nos différences qui, paradoxalement, nous rapprochent, nous permettent d’être meilleurs et plus efficaces ensemble.

Toute l’industrie fait le constat que les études scientifiques sont encore trop délaissées par les femmes. Il faut travailler en amont, dans les collèges et lycées. C’est pour cela que nous menons des actions avec des associations comme « Elles bougent », qui organisent des interventions en milieu scolaire afin d’expliquer les carrières exceptionnelles que l’on peut avoir dans l’industrie et la technique, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Nous participons à des tables rondes ou à des présentations de carrières. Nous aimerions vraiment accueillir plus de profils féminins car je suis convaincue de la forte contribution que les femmes peuvent apporter. Dassault Aviation est une société dans laquelle de belles carrières sont offertes aux hommes et aux femmes motivés et compétents.

Vous avez été nommée dernièrement au Conseil d’administration de l’ISAE-SUPAERO. Vous êtes aussi engagée auprès d’« ISAELLES » et de « Ose l’ISAE-SUPAERO ». Qu’est-ce que cet engagement auprès de l’école signifie pour vous ?

V. G. : L’ISAE-SUPAERO est une école très importante pour Dassault Aviation, étant donné le très haut niveau des ingénieurs qu’elle forme. Ma nomination au Conseil d’administration est un engagement à participer à la vie de l’école, à l’évolution de ses formations et de ses parcours. J’essaie d’apporter la vision de Dassault Aviation, acteur majeur de l’industrie aéronautique et de la défense, et ma vision propre, issue d’un parcours technique et ressources humaines. Par définition, une école est toujours en évolution, elle doit s’adapter à la fois aux attentes et besoins des étudiants et des entreprises.

Le soutien de Dassault Aviation à l’ISAE-SUPAERO prend également d’autres formes : nos ingénieurs alumni assurent plusieurs cours au sein du cursus Ingénieur ; nous parrainons des associations étudiantes ; et nous soutenons par le mécénat la recherche de pointe de l’école sur les systèmes aériens cognitifs (chaire CASAC). Nous avons donc des liens très forts avec l’ISAE-SUPAERO. Cela ne date pas d’hier, car je rappelle que Marcel Dassault a été diplômé de l’École en 1913 !

Vous êtes l’invitée d’honneur de la promotion diplômée cette année. Quels messages souhaiteriez-vous faire passer auprès de nos étudiants et alumni ?

Nous sommes dans un monde en évolution rapide et nous avons des enjeux fondamentaux devant nous. Ils sont liés à la Défense, à la souveraineté nationale et à la transition environnementale. Dans ces trois domaines, l’industrie aéronautique est porteuse de solutions. Je voudrais donc dire aux étudiants et futurs ingénieurs ou cadres qu’ils ont une opportunité unique d’avoir un rôle déterminant dans le monde d’aujourd’hui et de demain. Leurs talents, leurs connaissances, leur intelligence sont une responsabilité pour apporter une pierre à l’édifice commun. Je pense que la technologie et la science sont une partie des réponses et nous avons plus que jamais besoin de nos ingénieurs.

Je souhaiterais également leur dire combien il est important d’être curieux, pragmatique et positif dans la vie professionnelle. Le challenge est grand, la feuille de route est exigeante, mais avec la passion tout est possible. Et surtout, qu’ils prennent du plaisir à ce qu’ils font !