Les émissions de gaz à effet de serre et l’enseignement supérieur, on en est où ?

Tous les articles sur le sujets :
-* Les émissions de gaz à effet de serre et l’enseignement supérieur, on en est où ?
-* L’ISAE-SUPAERO, quelle méthode ?
-* L’ISAE-SUPAERO, quels résultats ?
-* Objectif de réduction de gaz à effet de serre : quels plans d’action ?


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Quel contexte au sein de l’Enseignement Supérieur ?

Comme le rappelle la publication récente de la 1ère partie du VIème rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat / Voir encadré ci-dessous), les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’humanité devront drastiquement se réduire dans les prochaines années au risque de connaitre des changements climatiques majeurs.

Aujourd’hui, l’enseignement supérieur français concerne entre 2,5 et 3 millions d’étudiants répartis dans différentes structures (communautés d’universités et d’établissements, universités, grandes écoles...). L’ensemble de ces structures consomment énergie, services et biens de consommation pour répondre à leur raison d’être : former leurs étudiants à leurs futures fonctions au sein de la société. D’après une synthèse réalisée par un collègue de l’INSA de Toulouse à partir de données accessibles sur le site de l’ADEME, les établissements d’enseignement supérieur émettraient en moyenne 1,08 tCO2-eq par étudiant. Toutefois, en regardant plus précisément les chiffres du site de l’ADEME, on s’aperçoit que ces émissions de gaz à effet de serre publiées par les différentes institutions ne sont pas directement comparables entre elles puisqu’elles n’incluent pas les mêmes postes d’émissions de GES. Faute de standardisation, les bilans réalisés sont « à géométrie variable ». Toujours d’après ce même collègue, ces estimations tendraient plus à considérer que les grandes écoles émettraient en moyenne 3,1 tonnes d’équivalent CO2 (CO2-eq) par étudiant formé et 1,5 tCO2-eq par étudiant formé pour les Universités.*

* Ses estimations semblent corroborés si l’on se base sur des ratios d’émissions de GES par € dépensé.

Dans le même temps, on note également un problème de transparence puisqu’il est très rare d’obtenir les résultats détaillés de ces bilans carbones et de comprendre les hypothèses retenues ou encore le périmètre choisi. Pour finir, très peu d’établissements du supérieur ont publié leurs données (même partiellement) et il est difficile de suivre l’évolution d’une structure puisque les résultats sont souvent espacés de 3 ans et ne suivent pas systématiquement la même méthode. Ce constat pose par conséquent de nombreuses questions :

Sur quel périmètre a été réalisé le bilan carbone ? Comment suivre l’évolution de vos émissions ? Quelles sont les hypothèses de calcul ? Quelle est la méthode ? Compte-tenu du fonctionnement du climat, ne faudrait-il pas raisonner en trajectoire ou en budget carbone* ?

C’est dans ce contexte d’absence de méthodologie commune que l’on entend parler de façon croissante de changement climatique, de réduction de gaz à effet de serre ou surtout de produit "neutre en carbone". L’enseignement supérieur n’y fait pas exception puisque les annonces d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou d’atteinte de la neutralité carbone à telle échéance se multiplient…
Parmi toutes ces annonces, difficile d’y voir clair ! Quelles sont les annonces ambitieuses ? Qu’est-ce qui a du sens d’un point de vue physique ? Comment distinguer les politiques pertinentes et ambitieuses du greenwashing ambiant ?

* Ce qui compte avec les émissions de CO2 n’est pas l’atteinte d’un objectif à une année donnée mais l’accumulation totale des émissions de CO2 de l’année de référence à cette année donnée.

L’approche de l’ISAE-SUPAERO

Au sein de l’Institut, nous avons naturellement adopté une approche d’ingénieur pour définir notre stratégie bas carbone : il s’agit donc d’une approche à la fois rigoureuse et pragmatique, fondée sur une approche quantifiée du sujet. L’objectif de cette stratégie est principalement de réduire les émissions de gaz à effet de serre induite par nos activités (sur notre campus mais également à l’extérieur), de se préparer aux impacts du changement climatique en adaptant nos campus et de façon plus anecdotique en tentant d’amplifier le stockage de carbone sur notre campus (par la biomasse).

Nous n’avons pas souhaité utiliser le terme de « neutralité carbone » qui ne semble pas pertinent scientifiquement à l’échelle d’un établissement comme le nôtre mais se réfèrerait plutôt à l’échelle d’un territoire.

Dans les prochains articles, nous nous consacrerons majoritairement à la partie « réduction des émissions de gaz à effet de serre » de notre stratégie bas carbone en tentant d’être le plus transparent sur nos engagements et notre méthodologie.

Et ailleurs, on en pense quoi ?

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L’association de la « COP2 Etudiante » accompagne les établissements d’enseignement supérieur dans leur transition écologique et a notamment vu son « Accord de Grenoble » recevoir plus de 53 établissements signataires, regroupant 316 000 étudiants**.
On y retrouve en particulier une méthodologie similaire à celle que nous proposons, à savoir :

  • Mesurer son empreinte carbone sur un périmètre englobant l’ensemble des postes d’émissions significatifs (article 2.9)
  • Se fixer un objectif de réduction des émissions de GES

Du côté de la recherche, les équipes du labos1point5 ont développé le logiciel GES1point5 visant à estimer les émissions de GES des laboratoires de recherche sur un périmètre large.
Pour finir, on retrouve au sein des institutions ou entreprises françaises spécialisées sur les enjeux Energie-Climat des points de vue qui ont nourri notre réflexion. Nous pouvons notamment citer les travaux de l’ADEME ou le Référentiel Net Zéro de Carbone4.

** A la date du 16/08/2021

Et donc ?

Différentes parties (étudiants, équipe de recherche, institutions et entreprises tous concernés par les enjeux environnementaux) se rejoignent sur l’importance de développer des méthodes communes de prise en compte des émissions de gaz à effet de serre, scientifiquement pertinentes et couvrant des périmètres cohérents. Un point crucial concerne l’accessibilité et la transparence de ces méthodes.

Qu’est-ce que le GIEC ?

Depuis sa création il y a plus de 30 ans (en 1988), le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, aussi appelé IPCC en anglais) a pour rôle de synthétiser les travaux scientifiques des différentes disciplines (climatologie, économie, sociologie, etc.) en rapport avec le changement climatique de façon neutre et objective. C’est notamment grâce à ses travaux que le consensus scientifique sur la réalité du changement climatique et son origine anthropique a pu être établi.

Le 9 Août dernier, une première partie du VIème rapport du GIEC concernant les bases physiques a été publié (et est accessible ici). Les grands chiffres que l’on peut en tirer sont :
-  Un réchauffement constaté de 1,1°C depuis l’ère préindustrielle
-  Une montée des eaux constatée de 20cm
-  Un réchauffement climatique prévu qui devrait dépasser +1,5°C dès 2030, soit 10 ans plus tôt qu’anticipé dans le rapport précédent.


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